Les tapis des Aït Ouaouzguite ont été appelés pendant longtemps les tapis Glaoua. Cette appellation a une double origine. D’une part, Glaoua est le nom d’une tribu berbère qui jadis contrôlait une grande partie du Sud Est marocain depuis leur base de Telouet dans la vallée d’Oulina. Au fil des décennies, plusieurs de ses représentants assumèrent d’importantes fonctions auprès des divers Sultans du Maroc, de pacha à Grand Vizir en passant par caïd.
Le plus célèbre d’entre eux fut le caïd Thami El Mezouari El Glaoui qui porta le surnom de « Seigneur de l’Atlas ». Cet homme fier de son patronyme exerca un véritable rôle de mécène auprès des artisanats locaux en forcant le développement esthétique des tapis traditionnels.
La seconde explication réside dans le fait que certains symboles et dessins incrustés dans les murs de la grande casbah des Glaoua construite dans le village de Telouet pour asseoir leur puissance étaient utilisés dans les bordures et les champs de nombreux tapis.
De manière plus orginelle, Aït Ouaouzguite est le nom d’une confédération de tribus situés dans les alentours d’Ouarzazate et surtout autour du village de Tazenahkte qui deviendra le coeur dynamique de cet artisanat traditionnel.
Les tapis confectionnés dans ces tribus ont connu depuis longtemps un vif succès en raison de leur petit format, de la soupesse de la laine et de leur belle facture. Ils présentent généralement deux variantes principales :
- les tapis noués en technique de nouage simple (le Tazerbite),
- les tapis travaillés en combinant des parties noués et des parties tissées (le Hanbel ou Atellis).
Les compositions peuvent être soit un réseau de losange couvrant toute la surface ou ces carrés réunis en bandes à l’intérieur d’une bordure bien définie.
La variante à médaillon central commence à se répandre à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette structure révèle bien l’influence des tapis de Rabat sur les traditions de nouage tribales?
Le répertoire décoratif appartenant au tapis ouazguitia présente un large éventail de motifs et de symboles. Aux motifs géométriques et floraux s’ajoutent des dessins représentatifs et abstraits d’animaux, des motifs représentant l’environnement naturel, le soleil, la lune, les étoiles en plus d’un grand répertoire de tatouages.
La signification de ces éléments varie d’une région à une autre et parfois même au sein de la même tribu.
La production des tapis Aït Ouaouzguite a été de tout temps appréciée grâce à la qualité de laine et à l’éclat de la chromie à base de colorants naturels, dont les tisseuses maïtrisent encore la technique, malgré l’introduction déjà ancienne de produits chimiques : au jaune orangé de henné s’allient le rouge de garance, le bleu d’indigotier, le noir bleuté naturel et le vert.